Livre : La psychogériatrie en mouvement
Auteur(s) : Dr Cyril Hazif-Thomas, Dr Michel Personne, Dr Philippe Thomas
Résumé : Apprendre au soignant à résoudre les conflits par des pratiques de médiation implique que le médiateur ait une pratique de facilitateur, en s’engageant en tant qu’acteur dans une mise en relation, particulièrement d’actualité à l’heure des équipes mobiles. Dans la prise en compte de ces maladies de l’âgé, ce rôle d’acteur se construit sur une difficulté particulière : les données habituelles de la réciprocité de la relation ne sont pas toujours présentes ; il est au contraire donc nécessaire d’extirper la personne du flou et du néant produits par sa maladie. Cette extraction est d’autant plus difficile que l’on ne peut connaître ses attentes parce qu’elle ne s’exprime pas verbalement ni clairement. Parfois même, son expression est repoussante : elle crie, elle s’agite… L’entourage est alors confronté à sa propre disponibilité, à son acceptation de comportements déviants mais aussi et peut être surtout à une tache aveugle. Celle-ci consiste bien souvent en l’absence de représentation du regard porté par le patient dépendant du modèle en cours de la relation soignant-soigné.
Dans cette démarche facilitante, on se préoccupera donc des opinions d’autrui même si elles ne s’expriment pas par la parole mais par les comportements. Ce qui est apparent, c’est le dénuement de la personne qui est en souffrance. Fidèles à Maldiney, les auteurs développent une psychogériatrie en mouvement qui se veut une manière originale de se confronter à ce qui est irritant en acceptant de ne pas trouver de solutions immédiates car le fondement du réel est dissimulé dans l’impossible. Nous nous heurtons à la réalité, nous n’en décidons pas, n’en déplaise à l’Evidence Based Medicine ou aux jardiniers de la folie.
Ainsi, la personne perturbante existe à partir d’un mode où ce qu’elle éprouve ne constitue pas de significations évidentes à ses yeux. Sa traversée de l’existence se fait ainsi sans justification car se sentir contraint à l’impossible, c’est être confronté à ce qui ne peut se produire, à ce dont l’existence est exclue. La dimension tragique de l’existence découle ainsi des situations subies. Redonner le goût de la vie et le sens du mouvement s’avère alors indissociable d’un combat pour la réappropriation des braises d’humanité qui subsistent au sein de ce « cœur à cœur » que la relation de médiation peut incarner, ce qui implique de demeurer humain même lorsque la parole a disparu. C’est alors dans le souvenir de l’autre, de son autonomie qu’on le reste. Ainsi la fonction de solidarité de la parole assure la pérennité de l’autre et favorise l’émergence d’une autonomie relative.
ISBN : 978-2-9529059
Nombre de Pages : 200