VIH et SENIORS :
les raisons de se faire des cheveux gris.
Le VIH/sida n’épargne pas les personnes âgées.
Dans des proportions certes moindres que les autres classes d’âge, mais non moins dignes d’attention et d’action.
Pourtant, la perception du sida comme une maladie de jeunes et les résistances à admettre une sexualité des seniors ont jusqu’à présent fait de ces dernières les parents pauvres de la prévention et de la recherche.
Ici et là dans le monde, la sonnette d’alarme commence à être tirée. Il est plus que temps
(article de Laetitia Darmon)
Les corps ne prennent pas leur retraite à 60 ans ! Le désir non plus, et actuellement moins que jamais. La banalisation du divorce, le développement de certains médicaments, pour pallier les troubles de l’érection, et la diminution des tabous sexuels sont autant de facteurs qui aident les plus âgés à s’autoriser et à vivre une vie sexuelle épanouie .
Et comme il n’y a pas d’âge pour faire l’amour, il n’y en a pas non plus pour contracter le VIH.(…)
F. contaminée à l’âge de 67 ans, commençait à refaire sa vie avec un homme, quelques années après le décès de son mari. Cette femme issue d’un milieu social élevé, d’habitude si rigoureuse dans sa vie, n’a pas pensé à se protéger ; elle n’a pas cru que cela pourrait lui arriver à elle. Et pourtant !
Les seniors font partie d’une génération qui imagine le préservatif surtout comme un moyen de contraception. Quand arrive la ménopause, nombreuses sont les femmes qui, ne craignant plus de grossesses non désirées, n’exigent pas de leur partenaire des rapports protégés. Elles ne savent souvent pas non plus qu’avec l’âge, leurs parois vaginales s’affinent et son moins lubrifiées qu’avant, ce qui les expose davantage au risque de contracter le VIH dans le cadre de relations sexuelles.(…)
L’absence de connaissances des personnes âgées correspond au manque cruel d’actions de prévention en leur direction, mais aussi à l’insuffisante prise de conscience des personnels de santé, qui sont nombreux à ne pas considérer leurs patients âgés comme étant à risques. (…)
Cette ignorance du risque encouru par les personnes âgées conduite en outre les médecins à diagnostiquer tardivement le VIH, et ce d’autant plus que les symptômes du sida peuvent ressembler à ceux de maladies fréquentes chez les seniors. « La maladie d’Alzheimer, l’arthrite, le diabète, le cancer du sein ou de la prostate, l’hypertension, les pertes auditives et visuelles touchent des millions de personnes âgées chaque année et beaucoup de ces maladies présentent des symptômes communs à ceux du VIH/sida » analyse Andrew Shippy qui déplore les erreurs et retards de diagnostics que cela entraîne pour les patients.(…)
Les seniors touchés par le VIH semblent vouloir rester au maximum chez eux, peut-être pour des questions de confidentialité. Le Dr A ajoute cependant qu’aucun de ses patients n’a fait le choix d’habiter en maison de retraite médicalisée. Andrew Shippy est formel : la majorité des seniors séropositifs vivent seuls et sont isolés de leurs familles et amis.
Mais comment aider les personnes âgées à vivre avec le VIH sans en connaître davantage sur elles ? comment leur donner les moyens de se protéger sans aborder de front la question de leurs mœurs ? Il reste beaucoup à faire pour ces populations, qui sont nos parents, grands-parents, grands-oncles et grands-tantes. Qui a dit, déjà , que la valeur d’une société se reconnaissait à la façon dont elle traitait ses vieux ?