Rajeunir l'organisme en le débarrassant de ses cellules âgées
Une expérience de laboratoire
Débarrasser l'organisme de vieilles cellules qui s'accumulent avec l'âge pourrait permettre de retarder ou de prévenir l'arrivée de maux liés au vieillissement et de prolonger les années de vie en bonne santé, selon des expériences réalisées sur des souris par des chercheurs américains.
Les travaux de l'équipe de la clinique Mayo (Minnesota, Etats-Unis) dirigés par Jan van Deursen, destinés à comprendre les mécanismes du vieillissement cellulaire, sont détaillés dans une lettre publiée mercredi par la revue britannique scientifique Nature.
L'étude faite sur un modèle de souris transgénique (modifiée génétiquement) apporte la première démonstration que ces cellules sénescentes contribuent au vieillissement et suggère un moyen futur d'aider les gens à rester en bonne santé malgré l'âge, selon les chercheurs
Les cellules ayant atteint l'état de sénescence cessent de se diviser en nouvelles cellules, mais produisent des substances qui détériorent les cellules voisines et génèrent de l'inflammation des tissus.
Les cellules sénescentes représentent au plus 10 à 15% de l'ensemble des cellules des sujets très âgés. Le système immunitaire élimine régulièrement ces cellules, mais se trouve débordé au fil du temps. Du coup, elles ne cessent de s'accumuler.
Pour la démonstration, les chercheurs ont créé des souris transgéniques (modifiées génétiquement) dont les cellules sénescentes contiennent une enzyme, la caspase 8, activée uniquement en présence d'un médicament et sans effet sur les cellules normales. Une fois les souris exposées au médicament, l'enzyme induit spécifiquement la mort des cellules sénescentes.
Les chercheurs ont constaté que l'élimination de ces cellules durant la vie des rongeurs retardait la survenue de troubles liés à l'âge comme la cataracte, la fonte musculaire ou l'amincissement de la peau, source de rides. Ils ont également observé que retirer ces cellules plus tardivement dans la vie pouvait aussi ralentir la progression de désordres déjà présents.
"En attaquant ces cellules et leurs produits, nous pourrons peut-être un jour briser le lien entre les processus du vieillissement et la prédisposition à des maladies comme les maladies cardiaques, les attaques cérébrales, les cancers ou les démences", s'enthousiasme James Kirkland, co-auteur de l'étude.