Activité physique, os et ostéoporose
Si l’exercice physique a un impact indéniable sur l’os, celui-ci s’avérera différent selon le sexe, l’âge, le type d’exercice et son intensité. Selon les études, il semblerait que la pratique antérieure d’un sport ou d’une activité physique apporterait un bienfait que l’on retrouverait ultérieurement.
Rappels
• Le remodelage osseux
Tout au long de notre vie, l’os subit un remodelage associant destruction et formation. Pendant toute notre croissance la synthèse l’emporte sur la destruction. Ensuite une légère ostéodestruction l’emporte. Celle-ci s’accentue à la ménopause chez la femme, pouvant aboutir à l’ostéoporose dont le risque est présent dans les deux sexes au-delà de 70 ans.
Différents éléments vont influencer ce remodelage osseux : facteurs génétiques, hormonaux, environnementaux (alimentation, café, tabac, alcool…) et activité physique (type, intensité…). Nous n’étudierons ici que ce dernier point.
• La densitométrie osseuse
Il est possible aujourd’hui de mesurer la masse osseuse et donc de dépister l’ostéoporose. Si deux techniques peuvent être utilisées (radiographie et ultrasons), la préférence va à l’analyse par rayons X, plus fiable. L’examen densitométrique permet également de suivre, au cours du temps, l’évolution de la masse osseuse des individus.
Activités physiques et âge
Le pic de masse osseuse étant atteint à 30 ans, il faut donc intervenir précocement par le biais de l’alimentation et de l’activité physique. L’activité physique en période pubertaire et surtout pré pubertaire permet d’optimiser le pic de masse osseuse. Il a été démontré que la pratique d’activités en charges permettait d’obtenir un gain de masse osseuse de 4 à 7% et que celui-ci se maintenait plusieurs années après l’arrêt du sport.
Chez les individus de moins de 60 ans, pratiquant régulièrement une activité physique, la densité minérale osseuse est supérieure à celle d’individus sédentaires de même tranche d’âge (+ 8% dans un étude de 1993).
Au-delà de 50 ans, la différence existe toujours mais est plus faible.
Activités physiques alimentation et os
Les effets combinés de la nutrition et du sport sur la masse osseuse sont assez complexes à identifier. Cependant de multiples travaux ont apportées un certains nombres de preuves :
• Une étude chez l’enfant pré-pubaire, publiée en 2004, a révélé que la pratique sportive améliorait l’effet d’une supplémentation journalière en calcium
• Chez la femme ménopausée, l’analyse de plusieurs études, confirme la corrélation positive entre l’augmentation de la masse osseuse et des apports élevés en calcium, quand ceux-ci sont associés à des exercices physiques.
Quelles activités ?
Tous les sports n’ont pas le même impact sur l’os. Les activités en charge – telles la marche - les sports avec impact au sol (collectifs, de combat) ont un meilleur effet sur la densité osseuse que les activités « portées » comme la natation ou en décharge partielle comme le cyclisme et l’aviron. Une étude pratiquée chez des cyclistes professionnels révèle que 65% des sujets de l’équipe examinée avaient des valeurs anormalement basses de densitométrie osseuse. Ce sport étant à haut risque de chutes, il devrait être recommandé de surveiller périodiquement la densité osseuse. En tout état de cause, il faut insister sur la nécessité d’un régime équilibré riche en calcium et vitamine D.
Une particularité est à signaler : en apesanteur, chez les cosmonautes la perte se localise surtout au niveau des membres inférieurs malgré la pratique d’une activité physique. Ceci nous amène à évoquer les différences existant entre les membres supérieurs et inférieurs en fonction des différents sports, car les membres supérieurs ne sont pas soumis au poids du corps. En fait ce sont les sollicitations musculotendineuses qui interviennent pour preuve les bonnes valeurs de densité osseuse obtenues dans des sports tels le rugby, les sports de combat, la musculation et l’haltérophilie. Dans cette activité les effets sur le radius sont manifestes dès la quatrième semaine d’entraînement.
Dans les études pratiquées, les sports collectifs et de combat s’avèrent plus ostéoformateurs que la course de fond, les sports collectifs comportant une succession de mouvements courts, variés et intenses. Ceci avait déjà été constaté dans le passé par L. Lanyon qui déclarait que : « un effet sur la formation osseuse est plus élevé lorsque la charge appliquée au niveau de l’os est importante lorsqu’elle est maintenue pendant un courte durée ».
Chez l’enfant les constats sont identiques : la gymnastique augmente la masse osseuse alors que la natation n’a aucun effet ; une activité commencée avant la puberté aura plus d’efficacité.
Chez la femme ménopausée précocement, des exercices en charge augmenteront la densité osseuse au niveau lombaire alors que celle-ci diminuera dans le groupe témoin. Le contenu minéral osseux est également augmenté au niveau du trochanter (partie supérieure du fémur) et ceci à long terme. Par ailleurs le risque de chute traumatisante est diminué, en raison d’une amélioration de l’agilité et de l’équilibre, bénéfice secondaire majeur dans la prévention globale du risque fracturaire. La pratique du Taï-chi-chan et l’utilisation d’une plate-forme vibrante (Power-plate) n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans la prévention de l’ostéoporose.
Excès d’activité et os
Chez la femme une pratique trop intensive pourra avoir des conséquences délétères : Les aménorrhées sont plus importantes que dans la population générale. Ces troubles du cycle menstruel sont les conséquences de perturbations hormonales induites par une pratique intensive. Des troubles nutritionnels sont souvent associés à cet état, surtout dans les sports ou la minceur est un avantage (danse, gymnastique…). Le risque est alors de voir se développer des déviations rachidiennes, des fractures de fatigue et à plus long terme une ostéoporose.
Ainsi, on le voit la pratique sportive joue un rôle positif dans le maintien de la masse osseuse et son acquisition, lorsqu’elle est commencée tôt, permettant ainsi dès le plus jeune âge de prévenir l’ostéoporose. Tous les sports ne sont pas égaux et l’on retrouve ici la nécessaire complémentarité des différentes activités concourant à une réduction de la morbidité et à un meilleur bien-être psychologique.