Les tranquillisants pourraient provoquer la maladie d’Alzheimer
Posted: 30 Sep 2011 11:03 PM PDTSelon
l’étude publiée mercredi par le professeur Pr Bernard Bégaud, la
consommation chronique de tranquillisants augmente le risque de
développer la maladie d’Alzheimer.C’est une première qui
risque de faire du bruit : une étude française montre que la
consommation régulière de tranquillisants et de somnifères pourrait
déclencher l’entrée dans la maladie d’Alzheimer. Et estime que, chaque
année en France, 16.000 à 31.000 cas seraient attribuables à ces
traitements par benzodiazépines ou dérivés. En cause, plusieurs
dizaines de médicaments comme le Valium, le Xanax, le Lexomil, le
Temesta, le Tranxène ou le Stilnox. Publiés mercredi par Sciences et
Avenir, ces résultats sont « une vraie bombe » selon le Pr Bernard
Bégaud, pharmaco-épidémiologiste, auteur de l’étude (Inserm-Université
de Bordeaux). Menée sur 3.777 patients de 65 ans et plus ayant pris des
benzodiazépines pendant deux à plus de dix ans, elle démontre que le
risque de déclencher la maladie serait accru de 20 à 50 %.
Une
proportion très inquiétante si l’on rappelle que 120 millions de boîtes
d’anxiolytiques et de somnifères sont vendues dans l’Hexagone chaque
année. Et que les Français en consomment cinq à dix fois plus que leurs
voisins européens. La population de patients potentiellement concernés
est donc très étendue. « C’est un signal très fort, s’alarme le Pr
Bégaud. Les autorités doivent réagir. Cela fait neuf études, avec la
nôtre, dont la majorité va dans le sens d’une association entre la
consommation sur plusieurs années de tranquillisants et somnifères et
la maladie d’Alzheimer. »
Jusqu’ici, on savait que ces molécules
pouvaient accélérer ou aggraver le développement d’un Alzheimer déjà
déclaré. En 2006, un rapport de l’Office parlementaire des politiques
de santé sur les médicaments psychotropes soulignait déjà ce problème.
Mais jamais l’apparition d’une démence sénile n’avait été évoquée dans
leurs potentiels effets secondaires. Pour l’heure, la façon dont
agiraient les benzodiazépines sur le cerveau pour augmenter ce risque
reste inconnue. Mais « s’il se confirme que les benzodiazépines peuvent
provoquer une démence, c’est une information nouvelle et essentielle
qui remet complètement en cause nos traitements », réagit Jean-Marc
Benkemoun, psychiatre et expert auprès des tribunaux.
En effet,
si ces résultats sont validés par la suite de l’étude, toute une
culture de la prescription devra être revue. « Je suis extrêmement
prudent dans mes prescriptions pour les patients âgés en raison des
risques de chute, de confusion, et parce que l’on sait que les
benzodiazépines ont des effets sur la mémoire, mais il s’agit d’effets
réversibles, poursuit le psychiatre. On sait aussi que ces molécules
peuvent aggraver une démence déjà déclarée. Mais je n’ai jamais été
alerté sur un lien de causalité entre le Valium ou le Lexomil, par
exemple, et Alzheimer. Si c’est le cas, c’est énorme… » Normalement,
les prescriptions de ces molécules sont très cadrées : deux semaines
pour les hypnotiques, douze semaines pour les anxiolytiques. Mais selon
le Pr Bégaud, environ 30 % des plus de 65 ans consomment ce type de
médicaments, et le plus souvent de façon chronique. « Si en
épidémiologie, il est difficile d’établir un lien direct de cause à
effet, dès qu’il existe une suspicion, il paraît normal d’agir et
d’essayer de limiter les nombreuses prescriptions inutiles », estime le
chercheur.
Par J. D.
source:www.francesoir.fr