Je veux mourir comme Zelda Kaplan
Comment ne pas envier Zelda Kaplan, 95 ans, qui s'est évanouit, morte, sur son siège au premier rang d'un défilé de mode le 15 février dans le Lincoln Center de New-York ?
Qui n'a pas fantasmer "mourir sur scène, comme un artiste" ou "un verre à la main, comme le rêvait Ava Gardner", "dans son sommeil juste après une fête entre proches", et encore "mourir comme on a vécu" ?
Zelka Kaplan a assouvi sa passion pour la mode jusqu'au bout. Stylée jusqu'au dernier moment, cette créatrice avait confié lors d'une interview au blogueur Ari Seth Cohen, "que sa longévité était liée à son mode de vie sain (sans oublier les fêtes !), à l'intérêt qu'elle portait au monde et à son activité sociale". Elle se considérait comme une citoyenne du monde, engagée dans la cause des femmes et contre l'excision.
Prendre sa vie en main, voire sa mort ?
Cette mort médiatisée réveille notre condition de mortel, condition que nous cherchons à oublier pour vivre (par différent moyen comme nous activant, nous divertir, quotidiennement, selon le philosophe Pascal).
Cette année, nous ne pourrons pas nous approcher de ce tabou, nous installer dans un cercueil par exemple, imaginer notre enterrement, discuter avec les entreprises du monde funéraire, où dialoguer avec les artistes que la mort inspire, au deuxième Salon de la Mort. Celui-ci n'aura malheureusement pas lieu. La crise, les peurs, les tabous sont, eux, bien vivants.
Mourir en douceur, même gravement malade ?
Et si, contrairement à la mort de Zelda Kaplan, des maladies viennent nous handicaper, si la fin de vie devient difficile, comme il serait formidable de pouvoir être aidé, accompagné, par des professionnels formés, compétents, en nombre sufffisants, à domicile ou en établissement spécialisé.
Des établissements, des équipes montrent déjà la voix en France (approches non-médicamenteuses, douces, centrées sur la personne comme l'Humanitude que nous connaissons bien). Saluons ce médecin japonais, venue se former en France, et qui propose à ses collègues de déployer cette Humanitude dans son pays. Les premiers impacts des techniques sur les personnes dites difficiles sont prometteuses.
Mourir ou être tué, euthanasié ?
Alors que certains veulent que les candidats à l'élection présidentielles se voient morts (affiches), pour pousser à la dépénalisation de l'euthanasie, espérons que cette campagne électorale saura raison garder. La dignité, les droits de l'homme ne se préemptent pas. A chaque citoyen d'être vigilant sur la qualité de la société dans laquelle il souhaite vivre.
Quand arrive l'heure, les demandes de morts évoluent plutôt en demande d'aides, de soutien, de présence, douce, chaleureuse, apaisante... humaine.
Envisager sa mort ?
Je repense à notre coup de coeur, l'an dernier, pour le livre "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire". Pour ses 100 ans, le héros Allan Karlsson décide de fuir la maison de retraite où il vit pour vivre comme il l'entend ses dernier jours. Un road-movie poétique, délicieux, vivifiant !
Heureusement que les artistes (écrivains, peintres, musiciens, chanteurs, stylistes...) nous aident à dépasser notre vérité, notre condition humaine.
La mort relève du sacré. Montaigne disait que "Philosopher c'est apprendre à mourir".
D'ici ce moment si difficile à envisager, mieux vaut peut-être oser apprendre à vieillir (comme nous le suggère Jane Fonda), avec le sourire !