En lançant vendredi la traditionnelle campagne de vaccination contre la grippe auprès de quelque 12 millions d'assurés, la secrétaire d'Etat chargée de la Santé, Nora Berra, veut convaincre les Français de l'intérêt de se protéger.
Q - Que faire face à la défiance envers le vaccin qui s'est installée à la suite d'une pandémie finalement loin d'être aussi grave qu'annoncée ?
R - On a observé une certaine désaffection vis-à-vis de la vaccination. Avec par exemple des cas de plus en plus nombreux de rougeole parce qu'on baissé la garde sur la vaccination contre cette maladie. Les maladies que l'on croyait révolues, si on ne se protège pas, réémergent. Mais il y a eu un déclic, avec cette année une augmentation de 3% des ventes de vaccins contre la rougeole. Les campagnes servent à quelque chose!
Nous devons poursuivre nos efforts et mobiliser pour atteindre nos objectifs qui sont d'atteindre 75% de couverture vaccinale dans les groupes à risque pour la grippe: les plus de 65 ans, les patients souffrant de maladies cardiovasculaires, pulmonaires, un asthme, certaines ALD (maladies chroniques prises en charge à 100%).
Globalement, il y a un recul de la couverture vaccinale: on était à 52% l'hiver dernier (60% en 2009/2O10). Cela veut dire qu'on est quasiment à vingt points en dessous de l'objectif et à des taux de vaccinations presque inférieurs à ceux de 2006. Il faut absolument enrayer cette tendance.
Q - Les nouveautés pour cette saison vaccinale ?
R - Cette année, le Haut Comité de Santé Publique a recommandé d'intégrer les obèses et les femmes enceintes à partir du 2e trimestre de grossesse.
Les personnes souffrant d'une pathologie coronarienne (environ 290.000) rejoignent également les populations à risque bénéficiant habituellement de la prise en charge du vaccin à 100%.
La nouveauté concerne aussi les professionnels: le dispositif qui concernait déjà les médecins généralistes, infirmières et sages-femmes qui exercent en secteur libéral (plus de 100.000 professionnels) est, cette année étendu aux pédiatres, pharmaciens et masseurs-kinésithérapeutes (plus de 200.000 professionnels libéraux).
Il leur faut non seulement éviter d'être des agents transmetteurs de la grippe, mais aussi donner l'exemple à la population.
Q- Pourquoi se faire vacciner puisque la composition des vaccins pour cet hiver est la même que pour l'hiver dernier ?
R - C'est vrai mais l'an dernier, toutes les personnes à risque ne s'étaient pas fait vacciner, de nouvelles personnes présentent ces facteurs de risque. Et j'ajoute que la personne âgée répond moins bien au vaccin et son immunité est de plus courte durée.
Il est donc normal d'appeler largement à la vaccination afin de limiter au maximum les risques liés à la grippe qui est une pathologie infectieuse sévère, je le répète. L'année dernière, parmi les 789 cas graves de grippe recensés par l'Institut de Veille Sanitaire, 150 sont décédés, sans compter les décès indirects particulièrement nombreux tous les hivers.
La campagne financée par l'Assurance Maladie sensibilise les personnes à risque. Mais cela ne veut pas dire que tout un chacun ne doit pas se faire vacciner, pour éviter, ne serait-ce que d'être cloué au lit au moins une bonne semaine et de risquer de contaminer des populations fragiles (parents âgés, nourrissons).