Personnes âgées et cinéma : "Le sens de l'âge", un film de Ludovic Virot, qui donne envie de vieillir
En salles à partir du 14 septembre
Dans « Le sens de l’âge » des vieux de plus de 80 ans témoignent de leur vieillesse. Des vieux exceptionnels ? Pas vraiment mais de belles vieilles personnes. Des personnes qui, comme l’immense majorité des vieux, sont en d’autant meilleure forme qu’elles acceptent de s’adapter aux difficultés physiques qu'elles rencontrent et à l’évolution de leurs envies et de leurs désirs. Loin des clichés de la « vieillesse naufrage » ou des injonctions « Vieux, moi ? Jamais ! », la qualité des rencontres que nous permet de faire Ludovic Virot nous offre 75 minutes d’une très rafraichissante et poétique promenade au pays de la vieillesse. Un beau pays dans les yeux de ces vieux là. Voir aussi l'interview de Ludovic Virot.
Au plus près de leur singularité, Claude, Madeleine, Frida, Jean, Jacqueline, Roger, témoignent tour à tour de ce qu’ils vivent et ressentent de leur âge certain.
Ce qu’ils disent est profondément personnel. Le talent de Ludovic Virot est d’avoir su aller les chercher au plus profond de leur intimité, dans leur vérité la plus vraie. On rit souvent. Parce que ce qui caractérise ces vieux c’est qu’ils ne se prennent pas (plus, peut-être autrefois le faisaient-ils ?) au sérieux. Et ça fait du bien de rencontrer l’autre sur l’essentiel.
On déguste des pépites de jolies phrases. « Je suis dans cette maison comme dans un vêtement qu’on a trop porté parce qu’on se sent bien dedans» dit Frida qui parlant de ses douleurs aux genoux avouera aussi acheter ses médicaments et ne pas les prendre.
« Les médicaments on les regarde et on est guéri ». Vieillir … « ce n’est pas une perte, c’est un autre état » dit elle encore. Il faut faire le deuil de ses yeux, de ses oreilles entend-on aussi. Jean a 89 ans, il accepte bien de se regarder dans la glace « Je me vois, je vois bien le nonagénaire mais ça ne me plait pas qu’on me le dise ! » Jean d’ailleurs a conservé un corps juvénile, il fait de la gym, on le voir pratiquer. « Je régénère mon organisme, c’est tout ! »
Les mouvements lents de la caméra entrent en résonnance avec le principe de savourer l’instant comme ils ont appris à le faire. « "J’ai beaucoup travaillé pour arriver à pouvoir vivre dans l’instant", dit Jacqueline. « Comme si par un phénomène de compensation, ce que la vieillesse apporte en contrainte, elle peut le redonner en atouts, précise le réalisateur. Jean confirme d’ailleurs « J’ai eu mon lot maintenant c’est le meilleur moment de ma vie ».
Chacun témoigne de sa vieillesse mais aucun ne parle de lui dans son rôle social. Ludovic Virot nous transporte juste dans cette étape de la vie dont seuls peuvent nous parler ceux qui la traversent. Ils s’attachent à décrire cet « autre état ». Là où le désir physique n’est plus là mais il ne semble manquer à personne. Là où, en revanche existe bel et bien le besoin de tendresse et de partage. Il y a de la tristesse à sentir l’inéluctable fin se rapprocher , la nécessité d’apprendre à se détacher des personnes chères,nous fait comprendre Jacqueline qui par ailleurs apprécie sa capacité à se débarrasser de l’inutile et que tout maîtriser ne soit plus nécessaire.
Beaucoup à apprendre et à recevoir de ces vieux pour peu qu’on les écoute. Apprendre sans doute que sauf incident de parcours, chacun de nous peut peut-être faire de sa vieillesse un séjour agréable dans une contrée à découvrir, chacun avec le talent qui est le sien.
De très belles images aussi, des vieux, de la nature et, qui viennent les ponctuer de temps en temps, des haïkus qui s’accordent au plaisir décrit de savourer l’instant tout autant qu’à l’éternel et universel processus de vieillissement
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Pour connaître la programmation rendez-vous sur www.lesensdelage.com