Edito : vieillir et alors ?
Ils ont plus de 80 ans, on les voit peu, on les entend peu, hormis quand les difficultés qu'ils rencontrent mobilisent des débats nationaux sur la mal-nommée "dépendance".
Statistiquement pourtant il est important de rappeler que 8 octogénaires sur 10 vivent bien, avec quelques "pluri-mini-handicaps" certes, mais chez eux, "autonomes".
Ils sont six à témoigner dans le superbe film-documentaire "Le sens de l'âge" de Luc Virot. Parce qu'il vit et donc vieillit, le réalisateur a souhaité leur donner la parole, avec tact, délicatesse et finesse.
Par ces témoignages, sans détour, très tendres, le cinéaste espère que notre regard, individuel et collectif, sur cette dernière partie de la vie, va s'adoucir. Dommage que le film ne sorte ce 14 septembre que dans 25 salles en France !
Même tendresse dans la bande dessinée "Vers la sortie" de Joyce Farmer. Avancer en âge se vit au jour le jour, avec des à coups parfois. L'histoire montre la vie quotidienne d'un couple tout à son bonheur de vivre ensemble, de transmettre son vécu, ses points de vue, ses valeurs, l'air de rien, parfois sans s'en rendre compte (Le bonheur de la fille qui partage, enfin, quelques secrets de femme avec sa belle-mère très âgée).
L'ouvrage montre que protéger ses proches du poids du quotidien est compréhensible, mais oser partager sur ses "directives de fin de vie" (directives anticipées), soulage aussi.
Et pour ceux qui vont moins bien, l'indignation continue.
L'ouvrage du directeur d'établissement "le grand âge à l'abandon" est un appel au secours. L'auteur voudrait que la société accepte de voir la trop grande difficulté dans laquelle elle laisse choir les personnes, leurs proches, les professionnels. Il invite à venir vivre un ou deux jours en maison de retraite pour comprendre la beauté des métiers, des accompagnements et l'indignité des moyens accordés.
Chiche !